Rhizomorphe

Rhizomorphe du champignon Armillaria mellea (qui s'est développé entre l'écorce et le tronc d'un arbre mort, ici vu après décollement de l'écorce).
Les agents de pourriture du bois sont caractérisés par un mycélium sous-cortical blanchâtre et, entre l'écorce et le bois (ou parfois sur le bois), le développement de cordons (comme ici) ou de rhizomorphes pigmentés plus ou moins ramifiés, le contact avec le support se faisant parfois avec des palmettes blanches, structures agrégées constituées de cordons plus ou moins anastomosés.
alternative de l'image à compléter
Rhizomorphe d'Armillaire (qui s'est développé entre l'écorce et le tronc d'un arbre mort, ici vu après décollement de l'écorce).

Le rhizomorphe est un agrégat d'hyphes mycéliennes parallèlement orientées, plus ou moins ramifiées, organisées en canaux. Cet organe d'exploration à grande distance[1] s'étend de manière subcorticale (sous des écorces) ou souterraine à la recherche de bois mort. Il s'agit d'un « faux tissu » (ou plectenchyme, caractéristique des Ascomycètes et Basidiomycètes) qui constitue une structure de résistance et de propagation souterraines de certains champignons. Les cordons matures sont entourés d’hyphes gainants plus étroits. Les rhizomorphes évoquent, pour leur forme et apparence, certaines racines des plantes et ils ont des fonctions en partie similaires, d'où leur dénomination de rhizomorphes (qui signifie littéralement « en forme de racine »). Les agrégats d'hyphes très ramifiés sont appelés cordons mycéliens, organes qui forment des tapis plus lâches, plus diffus ou en éventail, et qui sont moins complexes[2],[3]. Les champignons capables de produire de telles structures peuvent se développer dans des conditions difficiles et rivaliser avec d'autres espèces, concurrentes[4]. Ils transportent de l'eau et des nutriments sur de longues distances, par exemple vers un système fructifiant en développement. Ils peuvent permettre aux champignons lignivores de se développer dans le sol à partir d'une base alimentaire distante. Ils facilitent pour le champignon la recherche de nouvelles sources d'alimentation, colonisant des territoires vierges ou, telle une division d'armée (les milliers d'hyphes), débarquent sur un territoire hostile et éliminent des concurrents[5].

Pour les champignons parasites, ces cordons mycéliens peuvent aider à propager l'infection fongique. Le cordon noir, ramifié et localement anastomosé, constitue en quelque sorte un moyen, pour les champignons, d'augmenter la résistance de leurs mycéliums face à des conditions difficiles à l'intérieur du substrat (gel, excès ou manque d'humidité par exemple) : les cordons rampent d'un arbre à l'autre, par exemple en longeant des racines. Cette caractéristique explique pourquoi ce champignon lignicole semble produire des sporophores parfois terrestres[6].

Les cordons mycéliens de certains champignons du bois (comme Serpula lacrymans) sont capables de pénétrer dans la maçonnerie d'une construction. Pour ne pas confondre une racine et un rhizomorphe cylindrique, il suffit de gratter la surface de la structure. Le rhizomorphe émet alors une forte odeur de champignon, pas la racine.

  1. Ces agrégations d'hyphes forment des structures unidirectionnelles issues de centres initiateurs, ayant une croissance apicale autonome et dont l'apex peut être hautement structuré (Armillaria mellea) et comporter un méristème sensu stricto (ancien genre Sphaerostilbe). Le rhizomorphe, semblable à un pipeline, permet l'exploitation de ressources discontinues, contrairement au mycélium diffus qui réalise une exploration à courte et moyenne distance, optimisant ainsi l'exploitation des ressources continues du sol. Cf (en) B. Bottona, J. Dexheimer, « Ultrastructure des Rhizomorphes du Sphaerostilbe repens B et Br.The Ultrastructure of the Rhizomorphs of Sphaerostilbe repens B and Br. », Zeitschrift für Pflanzenphysiologie, vol. 85, no 5,‎ , p. 429-443, Jean Garbaye, La symbiose mycorhizienne. Une association entre les plantes et les champignons, Quae, , p. 87
  2. Bommer C (1894) Sclérotes et cordons mycéliens (Vol. 54). F. Hayez.
  3. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Yafeto2018
  4. Shaw CG, Kile GA (1991). " Armillaria Root Disease ". Mycologia. Agriculture Handbook. Washington, D.C.: Forest Service, U.S. Dept. of Agriculture. 691 (2): 270–271. DOI 10.2307/3760266. JSTOR 3760266
  5. (en) Lynne Boddy, « Saprotrophic cord-forming fungi: warfare strategies and other ecological aspects », Mycological Research, vol. 97, no 6,‎ , p. 641-655 (DOI 10.1016/S0953-7562(09)80141-X)
  6. (en) R. E. Williams, Armillaria root disease, U.S. Dept. of Agriculture, , p. 7

Rhizomorphe

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