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Corridor biologique

Toutes les structures faisant fonction de corridor biologique ne sont pas aussi faciles à identifier que ces reliques de ripisylves dans l'Indiana (États-Unis). Certains corridors peuvent être invisibles à nos yeux, mais néanmoins fonctionnels et vitaux pour les espèces qui les utilisent et qui ont des besoins particuliers en terme par exemple d'hygrométrie, d'acidité ou de pureté de l'eau. Noter la présence de routes fragmentantes.

L’expression corridor biologique (ou « biocorridor ») ou corridor écologique désigne un ou des milieux reliant fonctionnellement entre eux différents habitats vitaux pour une espèce, une population, une métapopulation[1] ou un groupe d’espèces ou métacommunauté (habitats). Ces unités qui tranchent dans l'espace environnant en raison de leur configuration linéaire relativement étroite, de caractère végétal (haies, chemins, bords de chemins et ripisylves…), topographique (vallon, cours d’eau…) ou immatériel (corridor biologique sous-marin) et qui relient d'autres unités plus massives mais de nature analogue, créent une continuité qui permet la circulation des espèces animales et la dispersion des propagules végétales ou fongiques sans qu'elles s'exposent à un milieu plus hostile. Les corridors faunistiques constituent en outre des sites de refuge (contre les prédateurs), de reproduction, de nourrissage, de repos, d'hivernationetc.[2].

Milieux ouverts (prairies et cultures) et milieux fermés (forêts) peuvent dessiner de nombreux motifs et taches dont la forme influe sur leurs fonctionnalités écopaysagères. Ici les boisements restent relativement connectés.
Le relief (ici de la vallée de Dingy-Saint-Clair, France) est également un élément déterminant, cols, vallées et montagnes, limitant ou orientant les déplacements de la faune et des propagules végétales. Cette vallée est par exemple barrée par un torrent (le Fier), mais elle oriente les oiseaux et espèces de vallées vers le col de Bluffy, ou le lac d'Annecy alors que certains oiseaux franchiront facilement la montagne d'Entrevernes ou au fond le massif des Bauges, ou sur la droite après le défilé, la crête du Mont Baret. La vallée a préservé une relative intégrité écologique grâce à la connectivité de son maillage de haies et boisements.
Dans ce paysage, les massifs boisés ne sont plus physiquement connectés, De nombreux invertébrés seront isolés dans les boisements[3]. Mais sangliers et cervidés peuvent encore facilement circuler de l'un à l'autre.
Les boisements sont souvent mieux conservés sur les buttes, pentes et talus, pauvres et/ou acides. Mais ils sont alors souvent écologiquement « insularisés », comme ici par l'agriculture. Des corridors biologiques peuvent ou pourraient (re)lier ces « îlots » entre eux.
Les corridors littoraux sont fragmentés par de nombreuses routes. Le passage en tunnel et viaduc est beaucoup moins fragmentant, mais il est rare qu'il remplace les anciennes routes. Il s'y ajoute simplement.
D'autres espèces souvent oubliées sont celles qui vivent dans le sol, dont les taupes ici rendues visibles par leurs monticules de terre.
La végétalisation des parois de ce pont augmente son potentiel d'utilisation comme corridor.
Tronc mort sur une rivière de la forêt pluvieuse de l'île de Vancouver (Colombie Britannique, Canada). De tels troncs en descendant les fleuves à l'occasion d'une inondation par exemple peuvent naturellement transporter des propagules de dizaines d'espèces de plantes et lichens, et des propagules de centaines d'espèces d'invertébrés et micro-organismes sur des distances parfois importantes et jusqu'en mer. Noter les arbres qui sont déjà en train de pousser dans le bois en décomposition, profitant de l'humidité et de la lumière reflétée par l'eau. C'est ainsi aussi qu'on peut parfois trouver des arbres dont on ne comprend pas comment ils auraient pu germer ou s'enraciner sous l'eau.
Ici les corridors boisés protègent également les cours d'eau du ruissellement et de l'érosion (Brahmagiris, Coorg, Inde).
Les anciennes voies ferrées (ou cavaliers miniers) peuvent, avec une gestion adéquate acquérir des fonctions de corridors jusque dans les zones urbaines et industrielles. Elles sont souvent transformées en chemins de promenade.
Autre exemple, en talus bordé d'arbres, d'ancienne voie ferrée pouvant développer une vocation de corridor biologique.
Les voies existantes, avec une gestion appropriée peuvent avoir un rôle de corridor, mais des trains nettoyeurs doivent débarrasser les rails des feuilles mortes qui font patiner les trains[4].
Peut-on, veut-on et doit-on chercher à donner une vocation de corridor biologique aux bords de routes ? (Sachant qu'ils subissent le bruit routier, la pollution routière et que la faune risque plus d'y être écrasée.) Les bas-côtés sont des refuges pour quelques espèces, et parfois des corridors pour certaines espèces, mais aussi des pièges écologiques. Une approche « éviter-réduire-compenser » pourrait diminuer les impacts routiers sur la biodiversité[5].

Ces structures écopaysagères permettent de connecter ou reconnecter entre elles plusieurs sous-populations (patchs). Elles permettent la migration d’individus et la circulation de gènes (animaux, végétaux ou fongiques) d’une sous-population à l'autre[6].

La restauration d’un réseau de corridors biologiques (maillage ou trame écologique) est une des deux grandes stratégies de gestion restauratoire ou conservatoire pour les nombreuses espèces menacées par de la fragmentation de leur habitat[6]. L’autre, complémentaire, étant la protection ou la restauration d’habitats[6]. Ils sont encore peu protégés[7], mais depuis les années 1990, ils commencent à être intégrés dans les politiques d'aménagement (restauratoire) du territoire et dans le droit international et local[8],[9], contribuant à une troisième et nouvelle phase du droit de la conservation de la nature[10].

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  2. Chetkiewicz C.L.B., St. Clair C.C. & Boyce M.S. (2006) Corridors for Conservation: Integrating Pattern and Process. Annu. Rev. Ecol. Evol. Syst. 37: 317-342.
  3. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Burel_2003
  4. « Problèmes posés par les feuilles mortes sur les rails »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  5. R. L. Vilesa and D. J. Rosier ; How to use roads in the creation of greenways: case studies in three New Zealand landscapes  ; Landscape and Urban Planning Volume 55, Issue 1, 15 June 2001, Pages 15-27 ; doi:10.1016/S0169-2046(00)00144-4 (Résumé).
  6. a b et c Beier P., Noss R.F. - 1998 - Do habitat corridors provide connectivity ? ; Conservation Biology, 12 : 1241-1252.Résumé et texte(en anglais).
  7. Bonnin Marie. (2006), Les corridors biologiques, une reconnaissance juridique en attente d’effets pratiques, Espaces naturels de France.
  8. Bonnin Marie. (2006), Les corridors, vecteur d’un aménagement durable de l’espace favorable à la protection des espèces, Natures Sciences Sociétés, 14 : S67-S69.
  9. Bonnin Marie. (2007), Les traductions juridiques des corridors écologiques, Bretagne vivante, n°13.
  10. Bonnin Marie. (2008), Les corridors écologiques, Vers un troisième temps du droit de la conservation de la nature, collection Droit du patrimoine culturel et naturel, L’Harmattan, 270 p.

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