Le thème lié à la recherche de la langue parlée par les personnages mythiques des textes fondateurs des religions abrahamiques, Adam et Ève, a passionné les érudits travaillant sur le fait religieux.
La langue adamique se distingue fondamentalement du concept de proto-langue hypothétique telle qu'on en postule et reconstruit en linguistique, puisque ici liée à la littéralité du récit biblique de la Genèse et ne tenant pas compte des notions scientifiques d'évolution ou de transformations des langues.
Le passage du texte sacré accréditant l'existence de cette langue propre aux deux personnages symboles est celui du nomothète, lorsque le Créateur présente les animaux de la Création à Adam, et lui demande de leur trouver un nom ; le nommage d'Adam se fait alors sur le mode performatif, « baptisant » les créatures.
L'utopie d'un retour à une langue unique parlée par l'Humanité, situation supposément perdue lors de l'épisode de la confusion des langues au cours de l'édification de la tour de Babel (ce qui l'associe à un châtiment divin), est corrélée à ces recherches. Alors que la pensée du Moyen Âge a tenté de retrouver cette langue et de retourner à cet état, dans la perspective de concrétiser l'œuvre de Dieu, le rationalisme de l'époque moderne, lié à l'expansion des Empires, a tenté de le faire via une logique d'universalité dans le contexte de l'essor de l'humanisme.
Les érudits antérieurs, comme les théologiens contemporains, sont relayés dans leurs travaux de recherche par les linguistes.