L’ochlocratie (du grec ancien ὀχλοκρατία / okhlokratía, formé de okhlos, « foule » et –kratos, « pouvoir », via le latin : ochlocratia) est un régime politique dans lequel la foule (okhlos) a le pouvoir d'imposer sa volonté[1]. Le terme est pendant un temps tombé en désuétude, mais a été débattu dans les ouvrages de philosophie politique.
Ochlocratie n'est pas un synonyme de démocratie au sens de gouvernement par le peuple. Le terme foule, non le terme peuple, est employé : il suggère dans un sens péjoratif la foule en tant que masse manipulable ou passionnelle. On parle alors de phénomènes de foule, souvent provoqués par la démagogie ou le populisme. Ce trait l'oppose à des formes de gouvernement politique supposées plus rationnelles ou du moins raisonnables, qu'elles soient démocratiques ou non, et pour cela considérées plus souhaitables par principe. En ce sens, ce système politique a toujours excité les craintes des acteurs politiques, y compris des révolutionnaires français, du moins après le tournant du Directoire. Avant la chute de Robespierre, en effet, le concept rencontrait des partisans, en particulier du côté des jacobins, dans la mesure où la foule leur servit de gardien de l'ordre légal à reconstruire après la chute de l'Ancien Régime[2]. Depuis, les politiques ont surtout imaginé des moyens de repousser le pouvoir de la foule, en particulier après l'avènement du suffrage universel qui faisait craindre le pire. Le vote familial ou corporatif en un est exemple célèbre[3].
Longtemps présent dans les dictionnaires français, le mot avait disparu du vocabulaire politique depuis la fin du XIXe siècle : le Dictionnaire de l'Académie française ne comporte ainsi plus ce terme depuis sa huitième édition de 1932-1935[4].
Toutefois, depuis la fin de l'année 2018, à la suite du mouvement des Gilets jaunes, le mot et son concept ont refait surface dans les médias. L'entrée « ochlocratie » a ainsi réintégré plusieurs dictionnaires majeurs, comme Le Petit Robert, en 2019[5],[6].