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Pontiques

Pontiques

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Populations importantes par région
Population totale 2.000.000[2] – 2,500,000[3]
Autres
Régions d’origine Pourtour de la mer Noire
Langues Grec moderne, Grec pontique et langues des pays de résidence
Religions Christianisme orthodoxe, L'islam sunnite en Turquie
Ethnies liées Grecs, Grecs d'Ukraine
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Répartition des Grecs pontiques.

Les Pontiques sont les descendants des populations hellénophones (grecques ou hellénisées) du pourtour de la mer Noire, le Pont-Euxin de l'Antiquité. Le nom grec antique Pòntos (« flot ») euxeinos (eu- « bon » et xeinos « étranger ») signifiait mer « amicale aux étrangers » ou mer « étrangère accueillante » ; il s'agit toutefois de l'hellénisation par homophonie, avec changement sémantique, du perse Axaina draya soit « mer indigo »[4].

Pendant deux millénaires et demi, les Pontiques ont vécu tout autour du Pont euxin, sur les côtes nord de l'Anatolie, notamment dans la région du Pont, sur le littoral occidental du Caucase, en Crimée et sur les rives occidentales de la mer Noire aujourd'hui bulgares, roumaines et ukrainiennes. Ils y ont laissé des toponymes côtiers comme Eregli (Héraclée), Inebolu (Ionopolis), Trabzon (Trébizonde), Paliastomi (Paléostome), Foros (Phoros), Nessebar (Messembrie) ou Tsarévo (Vassilikό) : leur présence est attestée de l'Antiquité aux temps modernes, lorsque la majorité d'entre eux ont été transférés en Grèce par l'échange obligatoire de populations institué par le traité de Lausanne après le génocide grec pontique. Les Pontiques qui avaient immigré dans l'Empire russe ont, après une période de prospérité au XIXe siècle, quitté l'URSS pour fuir les persécutions de la terreur rouge puis du régime stalinien, qui en a déporté une partie vers l'Ouzbékistan[5].

L'ensemble des « Grecs » d'Anatolie est qualifié en Grèce de « Micrasiates ». Cet exonyme vient de Μικρά Ασία, Asie mineure. Les Pontiques sont les riverains de la mer Noire, « Micrasiates » ou non. Eux-mêmes s'auto-désignent comme « romées » (Ῥωμαιικoί - roméïkoi). Cet endonyme vient de Romioi (Ῥωμιός / Rōmiós au singulier), désignant les citoyens de l'Empire romain d'Orient (ou Romanie, 395-1453, que nous appelons « Empire byzantin » depuis Jérôme Wolf qui a inventé ce mot au XVIe siècle). « Romées » (roméïkoi) englobe aussi les chrétiens orthodoxes non-hellénophones, membres du « millet de « roum » (ou « rum » : anciens ressortissants de l'Empire byzantin) relevant du patriarcat de Constantinople dans l'Empire ottoman. Ces autres orthodoxes pouvaient parler le cappadocien, le laze ou d'autres langues anatoliennes[6].

Lorsque la Turquie, dirigée par Mustafa Kemal Atatürk, expulse ces populations au début du XXe siècle, elle joue sur la confusion entre la « nation grecque » et le « millet de Rum », ce dernier n'étant en fait qu'une catégorie religieuse (chrétienne orthodoxe) et non nationale. Parmi les Grecs, les Pontiques sont identifiables d'une part par leur dialecte grec pontique, d'autre part par la terminaison en ίδη, rendue en français par idi ou idès, très fréquente dans leurs patronymes. Leur costume traditionnel, encore revêtu lors des commémorations ou festivals culturels, est assez différent de celui des autres Grecs, et se rapproche de ceux des peuples du Caucase, en tissu souvent noir ou indigo bardé, chez les hommes, de cartouchières. Une partie des Pontiques descend des Ioniens (fondateurs de la plupart des colonies grecques de la mer Noire) tandis que d'autres sont issus de populations autochtones hellénisées depuis l'Antiquité ou christianisées sous l'Empire romain d'orient : ainsi, la limite entre Pontiques et Lazes orthodoxes était assez poreuse dans les Alpes pontiques[7].

Historiquement, la majorité des Pontiques ont vécu au sein du royaume du Pont (qui tire son nom du Pont-Euxin : Pontos Euxinos c'est-à-dire « mer accueillante » en grec, ancien nom de la mer Noire) puis au sein de l'Empire romano-byzantin, et enfin, entre 1204 et 1461, au sein de l'empire grec de Trébizonde. Le cœur du royaume du Pont et de l'empire de Trébizonde se situait dans la région du Pont, mais malgré les événements historiques, leur présence s'étendit à la plupart des villages de pêcheurs et des villes portuaires de la mer Noire, dont beaucoup étaient grecques depuis l'Antiquité.

  1. L'aigle de Sinope a un dessin très particulier et se distingue de l'aigle byzantine : elle était vraisemblablement l'emblème des Comnène à l'époque de l'Empire de Trébizonde.
  2. Stéphane Dufoix, Diasporas, University of California Press, (ISBN 9780520941298, lire en ligne), 40 :

    « Par exemple, il y a environ 2 000 000 de Pontiens dans le monde, la plupart en Russie, en Ukraine, en Turquie, en Arménie, en Grèce et en Allemagne. »

  3. Ioustinē Phrankoulē-Argyrē, Spyridon, Archbishop of America, 1996 - 1999: the heritage, Hellēnika Grammata, , p. 175 :

    « Οι ξεριζωμένοι και διασκορπισμένοι στα πέρατα της οικουμένης έλληνες του Πόντου συμποσούνται σήμερα γύρω στα 2.500.000 »

  4. Dictionnaire des noms de lieux de Louis Deroy et Marianne Mulon, Le Robert 1994, (ISBN 285036195X)).
  5. Ilias Poulos, « Grecs de Tachkent, portraits d’apatrides » in Grèce Hebdo du 20 mars 2018, [1].
  6. Gábor Ágoston et Bruce Masters, article « Millet » in (en) Encyclopedia of the Ottoman Empire, ed. Holmes & Meier 1982, pp. 383–4.
  7. Alexandre Toumarkine, Les Lazes en Turquie (XIXe – XXe siècles), éd. Isis, Istanbul 1995, (ISBN 975-428-069-X).

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