Une corne de licorne est un objet légendaire, connu en Europe occidentale. Durant la majeure partie du Moyen Âge et des Temps modernes, il est supposé être la corne unique ornant le front de la licorne. De nombreux pouvoirs de guérison et des vertus de contrepoison lui sont attribués. Ces propriétés, supposées réelles dès le XIIIe siècle, en font l'un des remèdes les plus chers et les plus réputés au cours de la Renaissance[1], et justifient son utilisation dans les cours royales. Les croyances liées à la « corne de licorne » influencent l'alchimie à travers la médecine spagyrique. L'objet est à l'origine d'une série de tests sur ses propriétés de purification, relatés entre autres dans l'ouvrage d'Ambroise Paré, Discours de la licorne, qui annonce les prémices de la méthode expérimentale.
Vue comme l'un des biens les plus précieux que puisse posséder un roi, la corne de licorne s'échange et peut être acquise chez les apothicaires comme contrepoison universel jusqu'au XVIIIe siècle. D'autres cornes sont exposées dans des cabinets de curiosités. La corne est utilisée pour créer des sceptres et d'autres objets souverains, tels que le « trône de licorne » des rois danois, le sceptre et la couronne impériale de l'empire d'Autriche ainsi que le fourreau et le pommeau de l'épée de Charles le Téméraire. La licorne légendaire n'a jamais été prise, mais son symbolisme lié à son attrait pour le giron des vierges a fait de sa corne le symbole de l'incarnation du Verbe de Dieu, de l'innocence et de la puissance divine.
La croyance aux vertus de la corne de licorne et en sa provenance perdure du Moyen Âge au XVIIIe siècle, époque où la découverte du narval se diffuse. Ce mammifère marin est le véritable porteur de la « corne de licorne », en réalité une dent particulière poussant dans la bouche des mâles et de certaines femelles. Depuis, la corne de licorne est surtout mentionnée dans les œuvres de fantasy, les jeux de rôle et les jeux vidéo, qui ont repris son symbolisme légendaire.