La critique arabe classique désigne la critique littéraire arabe du VIIIe siècle à la Nahda. Formalisée à la fin du IXe siècle par Qudama Ibn Jaafar dans son livre Naqd al-shi'r (La Critique de la poésie), on considère généralement que la critique littéraire se développe dès le VIIIe siècle, bien que de manière non systématique, avec l'ensemble des érudits, philologues, grammairiens, rhétoriciens et lexicographes qui s'intéressèrent à la poésie, à sa définition, à ses relations avec la prose et à ses critères d'excellence. Les principaux précurseurs de la critique littéraire sont Al-Asmaï, Ibn Sallâm al-Jumahî, Jâhiz et Ibn Qutayba.
À la notion préislamique de poésie, comprise comme une opération mystérieuse, presque magique, parfois considérée comme inspirée par les djinns[1], la critique arabe classique va substituer, dès al-Jumahî, la notion de poésie comme art (sinâ'a), ou praxis[2]. Le principal objet de la critique arabe classique est donc la recherche des critères objectifs du jugement porté sur la poésie (à la fois du point de vue de son authenticité et de sa qualité esthétique). La critique définit un champ d'exercice auquel se référeront tous les critiques postérieurs :
Le mot arabe pour "critique", naqd (en arabe : نقد), renvoie en effet à l'activité de trier les bonnes pièces de monnaie des fausses. Cette tâche incombe au nâqid, l'expert dans l'art de juger de l'authenticité et de la qualité des pièces de monnaie, qui fonde son expertise sur une science d'une part, et sur une pratique d'autre part. Ainsi, nâqid signifie en arabe, dès le VIIIe siècle, le "critique littéraire".