L'histoire de l'Ukraine est ancienne et remonte à la fondation de la Rus' de Kiev au IXe siècle, mais avant cela, le territoire ukrainien a joué un rôle important dans les événements eurasiens. L'Ukraine centrale est devenue le cœur de la Rus' de Kiev[1], et Kiev a atteint sa plus grande puissance et prospérité sous Volodymyr le Grand, qui a baptisé l'État, et Yaroslav le Sage. La prospérité de Kiev s'est maintenue pendant des siècles, mais au XIIe siècle, elle a été quelque peu freinée par la fragmentation féodale et les conflits entre les princes kièvanne pour le trône principal, ainsi que par les attaques des tribus turques du sud-est de l'Ukraine. Le cœur de la Rus de Kiev a été dévasté par l'invasion mongole de 1240. À l'ouest, le royaume de Rus (la principauté de Galicie-Volhynie) a poursuivi les traditions de l'État précédent, mais à la suite de conflits et de rébellions de boyards, il est tombé en décadence[2].
Ensuite, aux XIVe siècle et XVe siècle siècles, le territoire de l'Ukraine a été en grande partie cédé au Grand-Duché de Lituanie, où les Ruthènes ont pu préserver leurs traditions et même influencer la Lituanie elle-même. Cependant, la Lituanie ne tarde pas à subir l'influence polonaise et l'Union de Lublin aboutit à la formation de la République des Deux Nations, dans laquelle les terres ukrainiennes sont dominées par la couronne polonaise.
En 1648, les cosaques ukrainiens se sont rebellés contre la Pologne et ont formé un Hetmanat de Ukraine souverain, qui n'est toutefois pas resté centralisé et a rapidement été divisé entre les zones d'influence de ses voisins. L'État prospère à nouveau sous Ivan Mazepa, qui se range du côté de l'Empire suédois dans la Grande Guerre du Nord mais perd, ce qui amène la Russie à restreindre la liberté des Cosaques et à détruire l'Hetmanat dans les années 1760. Aux XIXe siècle et XXe siècle, l'ensemble du territoire ukrainien est sous le contrôle de l'Autriche et de l'Empire russe, et le nationalisme ukrainien commence à se développer au XXe siècle.
Au XIXe siècle, dans la « Nouvelle-Russie » conquise sur le khanat de Crimée et l'Empire ottoman, un afflux important de colons russes et ukrainiens peuple la steppe pontique à tchernoziom, que les Tatars de Crimée avaient utilisée pour le pâturage extensif. Cette région devient le « grenier à blé » de l'Empire russe, qui développe aussi l'industrie et l'extraction minière dans ce qui est aujourd'hui appelé le Donbass (mot-valise soviétique pour le bassin du Don). C'est ainsi que la majorité ukrainienne a commencé à se former dans la région.
En 1918, l'Ukraine retrouve son indépendance avec le soutien de l'Empire allemand, mais après leur défaite, elle n'est pas en mesure de la conserver et est occupée par l'Union soviétique et la Pologne.
Devenue l'une des républiques de l'Union soviétique en 1922, l'Ukraine connait une brève embellie dans les années 1920 avec la « nouvelle politique économique » qui permet aussi le développement de sa langue et de sa culture. Mais la prise de pouvoir de Staline est rapidement suivie par une collectivisation forcée assortie de confiscations, qui réduit les populations rurales à la misère et ont culminé avec le génocide de masse de la population ukrainienne, l'Holodomor, dont sont victimes selon les historiens 3 à 4,5 millions de paysans, au moment où l'URSS exporte massivement ses céréales afin d'accumuler des capitaux pour son industrialisation, y compris dans le Kouban, alors fortement peuplé d'Ukrainiens. La terreur rouge s'abat par ailleurs sur les élites pour éradiquer tout sentiment national ukrainien et toute velléité d'indépendance. La Seconde Guerre mondiale transforme l'Ukraine en un champ de bataille particulièrement sanglant pour les militaires des deux camps comme pour les civils. Les conventions de Genève y sont totalement ignorées et les minorités du pays sont pratiquement décimées. En particulier, l'importante population juive ukrainienne est quasiment exterminée par les nazis tandis que les Tatars et les Allemands de la mer Noire sont déportés par le NKVD.
Au sortir du conflit pays n'est plus qu'un champ de ruines et subit une nouvelle famine, celle de 1946-47, car les dirigeants soviétiques donnent la priorité à la reconstruction de l'outil industriel. L'Ukraine devient le pôle majeur de l'industrie lourde de l'Union soviétique et de son complexe militaro-industriel. Durant les années 1960 et 1970 les élites communistes ukrainiennes (Nikita Khrouchtchev, Leonid Brejnev) occupent les plus hautes fonctions de l'Union soviétique.
En dépit des tentatives de réformes du système menées par Gorbatchev dans les années 1980, les différentes républiques de cet état fédéral reprennent leur indépendance. La population de l'Ukraine vote à 92 % en faveur de son indépendance. Mais le développement d'un état viable est fortement handicapé : les apparatchiks soviétiques sont toujours au pouvoir et accaparent les principales entreprises ; de ce fait et en raison de l'existence d'une forte population russe sur le territoire, l'économie du pays est complètement imbriquée dans celle de la Russie et les dirigeants russes interviennent indirectement pour mettre fin à une indépendance qui leur semble illégitime. L'identité du pays est floue du fait des sept décennies de propagande soviétique (considérant comme « exogènes » tous les aspects non-russes et non-soviétiques de l'histoire ukrainienne, à commencer par ses régions historiques) : selon cette vision russe, la république des Deux Nations, et la principauté de Moldavie sont des « occupants étrangers », les Cosaques Zaporogues sont des « mercenaires », les Hetmans et la Rada de 1918 sont des « traîtres », le tsarat de Russie est une « puissance libératrice », et l'Ukraine soviétique est la « glorieuse réalisation de toutes les aspirations du peuple ukrainien ». Dans ce contexte, le système politique est secoué par plusieurs crises où la question centrale est celle de l'appartenance à la sphère d'influence russe ou bien le rapprochement avec l'Europe. Les tensions avec la Russie génèrent plusieurs interventions armées de ce pays sur le territoire ukrainien : en 2014 dans le Donbass et en Crimée, en 2022 l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ces conflits ont également conduit à la renaissance de la conscience nationale ukrainienne.
En 2024, hors perturbations actuelles, l'Ukraine, sur un territoire d'environ 603 649 km2, abrite une population d'environ 42 millions d'Ukrainiennes et Ukrainiens, parlant très majoritairement l'ukrainien, avec de nombreuses minorités, souvent d'immigration ancienne. La population russe et/ou russophone s'élevait à 17 %. La démographie de l'Ukraine aurait atteint son apogée vers 1990 avec une population de 52 millions. La diaspora ukrainienne, en partie ancienne, s'est accentuée dès 1991, et accélérée dès 2022.