La photographie plasticienne veut désigner un type de pratique artistique présentée dans le champ de l'art contemporain, qui utilise la technique photographique au service de créations et d'interrogations plastiques, esthétiques et conceptuelles, et tente de s'éloigner des codes de la photographie de genre, autrement dit, des artistes ou graphistes (Edward Ruscha, Andy Warhol) contemporains (Pop Art, Land Art, postmodernisme…) utilisant la photographie comme une des techniques nécessaires à leurs productions.
Cette appellation qui reste contestée[1] car vague et un peu fourre-tout alors qu'il existe déjà des catégories mieux définies (voir ci-dessus) tente de regrouper des pratiques photographiques amorcées durant les années 1960 aux États-Unis et en Allemagne, profitant de l'émancipation de ce médium. Des productions photographiques conceptuelles ou/et hybrides sont exposées en tant qu'art à part entière dans les musées et galeries à partir des années 1970[2].
Cette expression n'a pas d'équivalent dans d'autres langues (anglais et allemand notamment). Cette nuance linguistique et historique est à signaler pour éviter de faire de cette dernière catégorie (« plasticienne ») un fourre-tout conceptuel flou et donc vide d'utilité auquel pourraient appartenir des figures historiques comme Henry Peach Robinson, ou Rejlander, pour ne pas citer Hausmann, Man Ray, Moholy Nagy et autres Rodtchenko. [Voir le paragraphe suivant qui retrace les origines de "la photographie plasticienne" dans les années 1980 en France].
Le critique d'art américain Andy Grundberg, qui a longtemps écrit pour le New York Times (1981-1991), préfère parler de la façon dont la photographie a fait irruption dans l'art contemporain, une irruption qu'il date du début des années 1960 avec, par exemple, les travaux d'Edward Ruscha (Twentysix Gasoline Stations), Robert Rauschenberg et Andy Warhol, autrement dit alors des artistes (peintres et graphistes) émergents utilisant la photographie dans des travaux et media hybrides[3].
Au lire de l'ouvrage de Grundberg, il serait sans doute plus prudent de parler d'artistes Pop, Conceptuels, Post-Modernes… utilisant la photographie ainsi que de photographes s'apparentant aux courants artistiques Pop, Conceptuels et Post-modernes, et par là même pouvant y appartenir. En résumé, l'étiquette photographie « plasticienne » peut s'avérer à la fois utile et un peu trop flexible, fourre-tout, donc un outil limité tant géographiquement, qu'historiquement et conceptuellement. Elle a cependant bénéficié d'une chambre d'échos dans la presse spécialisée (art) française et dans le milieu académique. L'appellation est certainement synonyme d'un moment historique de la pensée critique française concernant l'art et la photographie contemporaine ; son manque de précision est sans doute la cause de son obsolescence.