Proprioception

Les gens sont couchés sur le sol qui imite une façade d'immeuble parisien, un miroir tenu au-dessus d'eux donne l'impression qu'ils escaladent une vraie façade lors du festival Futur en Seine 2012.Artiste : Leandro Erlich

La proprioception (formé de proprio-, tiré du latin proprius, « propre », et de [ré]ception), ou sensibilité profonde, désigne la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps, sans avoir recours à la vision[1].

Elle fonctionne grâce à près de trente millions de récepteurs sensoriels, appelés propriocepteurs, présents dans les muscles, les articulations, les ligaments, les tendons, la peau, et les fascias. Ils adressent des signaux qui transitent par les nerfs sensitifs vers la moelle épinière, puis vers le cervelet (proprioception inconsciente) et le cerveau (proprioception consciente[2],[3]), les renseignant sur la tonicité des muscles et la position exacte des différentes parties du corps[1],[4],[5]. Ces centres nerveux réagissent en contractant ou relâchant certains muscles afin de réguler le tonus postural et pour réaliser les mouvements désirés. Les propriocepteurs font donc partie des mécanismes de contrôle de l’exécution du mouvement, de la régulation de l'équilibre du corps et de sa localisation dans l'espace[2]. La proprioception fait partie de la somesthésie.

La proprioception permet l'élaboration d'un schéma corporel statique et dynamique qui se construit avec l'âge et s'affine avec l'expérience[4],[6],[7]. Imaginer une action active les mêmes circuits neuronaux que son exécution, l'imagerie motrice est utilisée dans les domaines du sport et de la rééducation. Des recherches récentes montrent un lien très étroit entre proprioception et émotions, qui est exploré pour traiter certains troubles mentaux comme la dépression[8].

De rares patients sont totalement privés de proprioception à la suite d'une neuropathie, on parle alors de déafférentation[1],[9], d'autres naissent avec une mutation du gène PIEZO2 impliqué dans la proprioception, à l'origine d'importants troubles musculosquelettiques[10]. Plus couramment, quand la proprioception donne des informations erronées en l'absence de lésion, des symptômes très divers peuvent apparaître, on parle alors de dysproprioception[4]. Différentes pathologies provoquent des déficits proprioceptifs, pour lesquels il n'existe pas encore de réelle prise en charge[1],[11].

La proprioception a été d'abord caractérisée chez les humains. Le terme fut proposé par Charles Scott Sherrington en 1900 et 1906. La proprioception s'observe aussi chez les animaux, vertébrés et invertébrés. Plus récemment, une proprioception a été découverte chez les plantes[12],[13],[14].

  1. a b c et d Fabrice Sarlegna, Chercheur/researcher CNRS @ Institut des Sciences du Mouvement, Aix-Marseille Université (AMU), « La proprioception, notre sixième sens », sur The Conversation, .
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  4. a b et c Gabriel Wahl, Pédopsychiatre, Les enfants Dys, Paris, Que sais-je ? , 2023 (réédition), 128 p. (ISBN 978-2-7154-1907-0), p. 109-116.
  5. Interview d' Edith Ribot-Ciscar, chercheuse en Neurosciences Cognitive à l’Université d’Aix-Marseille,, « Qu'est-ce que la proprioception ? », sur MAGMA, (consulté le ).
  6. Astrid Saint Auguste, « La proprioception, qu'est-ce que c'est ? », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne).
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  12. David Larousserie, « Les plantes ont un penchant pour la droiture », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Renaud Bastien, Tomas Bohr, Bruno Moulia et Stéphane Douady, « Unifying model of shoot gravitropism reveals proprioception as a central feature of posture control in plants », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 110, no 2,‎ , p. 755–760 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 23236182, PMCID PMC3545775, DOI 10.1073/pnas.1214301109, lire en ligne, consulté le ).
  14. Jean-Luc Nothias, « Comment les plantes restent-elles debout ? », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).

Proprioception

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